Article tête, encadré, billet d'humeur
Intouchable : Un handicapé, un noir, la stigmatisation, le compte est bon !
Le nouveau film d’Olivier Nakache et Eric Toledano qui traite de l’handicap et du racisme, a déjà fait plus de 10 millions d’entrées. On parle d’un phénomène de société, retour sur les recettes de ce succès.
« Pas de bras, pas de chocolat », le ton est donné. Les deux réalisateurs osent aborder le film avec humour et sarcasme alors que le handicap est encore aujourd’hui un sujet sensible (voir encadré). Les gens sont-ils prêts à se moquer d’un handicapé comme un se moque d’un écervelé?
Pourtant, dans les salles combles, les éclats de rires sont présents du début à la fin.
Le film tiré d’une histoire vraie, enjolive et brode la vie trépidante d’un invalide, totalement dépendant d’autrui.
La recette est simple, un noir, un handicapé, des sujets d’actualité (racisme, handicap, homosexualité) ainsi que nombreux clichés. Ajouter à cela des dialogues crus et francs, succès assuré.
Le film est donc à la portée de tout le monde, accessible aux 7-77ans. Plus qu’une comédie, il retrace l’histoire de deux personnalités qui n’auraient jamais dues se rencontrer : Driss, jeune banlieusard, se voit pris d’affection pour Philipe, quinquagénaire handicapé et fortuné.
Du rire aux larmes, de la sensibilisation à l’indignation, autant d’émotions partagées qui relance une question de société.
Léa Jurado
Encadré:
La vraie vie d’un handicapé : Pas aussi rose que celle de François Cluzet
Alors que le film retrace la vie d’un handicapé fortuné, apte à pratiquer beaucoup d’activités, très entouré, comment vit-ont réellement lorsqu’on est paralysé ?
Cinq millions de personnes handicapées en
France, plus de deux millions de personnes à
mobilité réduite... et trente ans à rattraper pour
combler le manque d'adaptation de la société.
Voilà où en est la réalité. Bien loin de celle de
François Cluzet qui perché très haut sur son
beau parapente ne fait que survoler la question.
Nombreux sont les vrais handicapés à avoir vu le
film. Et, logiquement, ils se lamentent sur
l’accessibilité quasi impossible dans un cinéma : «Pas
de caisse à hauteur, accueil très souvent
discriminatoire, emplacements obligatoires dans la
salle avec souvent un visionnage du film au premier
rang.»
Billet d’humeur
Pas de bras… tant pis pour toi !
Le film intouchable qui s’apparente à un joli conte de fées, nous dresse le portrait d’un handicapé pas comme les autres. Celui là, richissime aristocrate possède un fauteuil roulant high tech, monte dans des voitures de luxes, pratique le parapente, et fume des pétards.
Les réalisateurs O. Nakache et E. Toledano, très engagés, dépeignent ici un tableau plutôt minimaliste. Alors qu’on nous ressasse que « l’argent ne fait pas le bonheur », notons que dans ce cas présent, il est tout de même indispensable à ce cher Philippe. Tout est pensé et agencé pour écarter certains réels problèmes.
Mais attention aux illusions quand on sait que plus de 20 % des personnes vivant à domicile déclarent au moins une incapacité et 10 % indiquent une limitation de leurs activités.
Autant vous dire que dans la réalité, si tu es handicapé et non friqué, cela peut s’avérer plus compliqué.
Léa Jurado